Pendant que Yannick JOSEPH, Abelson Gros-Nègre et leurs avocats jouent l’apaisement, distrayant les médias, une officine secrète, encagoulée et surtout armée du SPNH, met la pression sur le gouvernement en faisant régner la terreur dans le pays. Une triste répartition des rôles. Le bon flic et le méchant. Ils se présentent sans ambages comme le groupuscule Phantom 509 du même syndicat contesté. Leurs revendications? Les mêmes que celles de madame Joseph et consorts. On les perçoit de loin car ils tirent en l’air continuellement quand ils sont de sortie. C’est le far west.
Une triste répartition des rôles. Le bon flic et le méchant
Leur passage est souvent scène de chaos. De paisibles automobilistes sont braqués, extirpés de leurs véhicules et renvoyés à pied sans leurs clés. Les voitures servent de barricades sur les routes. Les pneus sont enlevés et incendiés. Ils saccagent, mettent le feu. Hier, à coup de vociférations et de gaz lacrymogène, ils ont forcé plusieurs bureaux du service public à fermer. Ils ne reculent devant rien et menacent nommément des Hauts-gradés et des responsables politiques, y compris le président de la République, monsieur Jovenel Moïse.
Les derniers affrontements entre ces personnes d’un côté et essentiellement des militaires de l’autre, sont dans toutes les têtes. Ils s’étaient soldés par deux morts et plusieurs blessés. Le pouvoir avait accusé de tentative de coup-d’État. Jusqu’où seraient-ils allés s’il n’avaient pas été stoppés? Qui peut le dire?
Dans la version qui met tout le monde d’accord, même le SPNH, des officiels évoquent des infiltrés, qui auraient même été identifiés. Qui sont-ils? Silence radio. Pourquoi ne sont-ils pas inquiétés? L’autruche a beau s’enfoncer la tête dans le sol, le danger n’est pas écarté pour autant. D’aucuns questionnent, comme pour contredire, si des policiers commettraient de tels actes? Ce à quoi il convient de demander, si ce ne sont pas des policiers, où sont alors les vrais policiers? Il peut certes y avoir quelques infiltrations, mais les encagoulés sont, pour la plupart, des policiers en fonction.
Si ce ne sont pas des policiers, où sont alors les vrais policiers?
L’opinion publique est pourtant unanime à reconnaître la légitimité des revendications policières. Mais les méthodes sont fascisantes. Elles discréditent le mouvement. Un climat de terreur est entretenu contre toute personne qui ose émettre un avis différent de celui qu’ils expriment. Le SPNH tarde souvent à condamner. Quand il le fait, c’est du bout des lèvres. Si syndicat il doit y avoir, il doit être sans arme, ni cagoule. La loi doit être respectée, sans parler de principes déontologiques que doit faire montre tout policier digne de ce nom.
Le SPNH tarde souvent à condamner. Quand il le fait, c’est du bout des lèvres. Si syndicat il doit y avoir, il doit être sans arme, ni cagoule.
La seule manifestation qui se soit déroulée sans incident est la toute première, organisée le 27 octobre 2019. Elle n’était pas autorisée. Elle était illégale. Mais elle avait eu le mérite de se terminer sans violence. Hormis une petite bousculade contre des collègues qui leur barraient le passage devant la Direction Générale de la Police Nationale d’Haïti (DGPNH).
La dernière touche à ce sombre tableau est la calamiteuse gestion qu’en fait les responsables politiques. Ils ont laissé passer toutes les occasions de résoudre une fois pour toute le problème. Cela donne l’impression que le président de la République a une idée fixe, surtout ne pas reconnaître le syndicat policier. C’est pourtant la première demande des policiers qui dorénavant refusent d’être les laissés-pour-comptes des progrès sociaux. Il est vrai que les conditions légales ne sont pas réunies pour reconnaître le SPNH en dépit des possibilités qu’offre la constitution. Elles pouvaient cependant être mises en route. Aucun signe n’est envoyé en ce sens par les autorités.
Depuis sa création, les politiciens ont fait de la PNH une classe de sous-prolétaires. Selon certains membres des forces de police, les différentes initiatives des autorités, comme ONA-POLICE ou les constructions de logement, ne sont que de la poudre aux yeux. Des témoignages font état qu’ils n’ont même pas reçu leur salaire en février. Il est grand temps que les autorités se réveillent et apportent une réponse sérieuse pour éviter le pire. Car désormais plane sur le pays la menace phantom.
Ricardo Matalbert