Les bandits opèrent depuis longtemps en toute quiétude à Village de Dieu. Ils ont été de très tôt surpris ce matin par une importante opération policière visant à les déloger. Aucun bilan de l’opération n’est encore communiqué par la police nationale D’Haïti (PNH).
Hier soir, l’entrée sud de la capitale était animée par un concert de tirs d’armes lourdes. Des hommes armés des zones de la Grand-Ravine et du Bicentenaire étaient sur leurs pieds guerre. Beaucoup de véhicules ont dû faire marche arrière pour éviter toute rencontre avec les bandits. Mais la sortie très matinale des gangs coïncide avec une opération des différentes unités de la PNH contre la troupe d’Arnel Joseph, redoutable chef de gang aujourd’hui incarcéré.
Les nouveaux véhicules blindés ont été également utilisés lors de cette opération. Pendant les échanges de tirs avec les bandits, le pneu de l’un de ces véhicules a été crevé. La sécurité a longtemps a été un problème au Village de Dieu. L’endroit est comme livré aux bandits qui contrôlent la zone du Parquet de Port-au-Prince, la rue Chareron, la rue Joseph Janvier et une partie de la Grand-Rue. Jusqu’à maintenant, la police nationale n’a fourni aucun bilan de son intervention. Les opérations policières au Village de Dieu n’avaient pas abouti à grand chose par le passé.
Le village de Dieu est situé à l’entrée sud de la capitale, de l’autre côté du théâtre national. Il s’étend de la route du bicentenaire jusqu’au bord de la mer. Ce bidonville surpeuplé a pris naissance dans les années 80. Le régime de Duvalier déplace les payans en grand nombre pour participer à la fête traditionnelle du 22 septembre. Ces pauvres paysans incapables de regagner leur région d’origine, s’installent au bord de la mer dans des abris de fortune. C’est le début de ces quartiers où la misère et l’insécurité règnent en maître aujourd’hui. Les constructions anarchiques avec des corridors très étroits compliquent sérieusement la tâche des policiers. Ces derniers qui risquent donc non seulement leurs vies mais également celles des habitants.
Pour sa part, la zone de Martissant, 3e section communale de Port-au-Prince est le théâtre des grandes rivalités entre gangs. Dans les hauteurs de Martissant on trouve deux groupes rivaux. Ensuite, les hommes de la « base Pilate » dans les avenues de Bolosse et les hommes du bicentenaire. Martissant est entouré par des groupes ennemis. La commune, en elle-même même n’est pas le problème. Mais plutôt les divers groupes qui l’entourent.
Vers la fin de l’année dernière, les autorités judiciaires réfléchissaient à déplacer le parquet afin de se mettre à l’abri des hommes armés du coin. De nombreux camions de marchandises, des voitures privées sont régulièrement détournés, nombre de personnes enlevées et séquestrées. La zone est donc très peu fréquentée. Des embouteillages monstres ont fait leurs apparitions dans les artères avoisinantes.
Il s’ensuit que bons nombres d’habitants ont fuit leurs domiciles, accaparés par les bandits, pour se réfugier dans les faubourgs de Carrefour et de Fontamara. Les rues du Village sont désertes. Ordures et eaux stagnantes jonchent le sol. Même l’entrée du parquet n’est pas épargnée.
Faudra-t-il sans doute plus qu’une opération policière pour ramener la paix à Village de Dieu. L’arrestation d’Arnel Joseph avait suscité beaucoup d’espoir. Force est de constater que cela n’a pour le moment rien changé.
Jacki Valérice