La démission en bloc du Conseil Électoral Provisoire (CEP) a revigoré l’opposition dans sa quête d’une transition politique qu’elle appelle de ses vœux depuis plus de 2 ans. Pour elle, il n’est pas question d’élections, du moins pas avec Jovenel Moïse à la tête du pays. Les leaders de l’opposition indexent une supposée alliance entre pouvoir et gangs comme obstacle à la réalisation d’élections crédibles. La déclaration de Jovenel Moïse sur le fait qu’on ne pourra plus reprendre à ses partisans et à lui-même le pouvoir a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. L’opposition croit que Jovenel Moïse a un plan pour voler les élections en faveur du PHTK. Elle accuse aussi la communauté internationale d’être de mèche avec le régime en place.

Pour le pouvoir et ses alliés, la transition n’est pas dans l’intérêt du pays. Les derniers gouvernements de transition ont d’ailleurs montré que les transitions ne donnent pas les résultats escomptés. Pour le pouvoir, ceux qui demandent une transition sont des politiciens qui ont du mal à se faire élire par le peuple. La transition est donc la seule façon dont ils disposent pour accéder au pouvoir. Toutefois, l’opposition politique a avancé que la transition sera l’occasion de mettre en place une conférence nationale, une nouvelle constitution, les Procès Petro Caribe, des massacres de Lasaline, de Carrefour Feuilles, de Pont-Rouge etc. Ce serait, selon eux, le point de départ d’un nouveau tournant dans l’histoire de notre pays.

La bataille politique est très serrée entre les deux camps. Avec la dissolution du Conseil Électoral, il sera difficile pour le pouvoir de trouver un consensus pour un nouveau Conseil. D’un autre côté, la transition n’est pas aussi simple que l’opposition le prétend à réaliser. La communauté internationale est un adversaire de taille et elle veut des élections. Jusqu’à présent son appui au pouvoir a fait échec à toutes les tentatives de l’opposition pour renverser Jovenel Moïse.

Pendant que les actualités tournent autour de la classe politique, que le gouvernement s’évertue à prouver qu’il peut organiser les élections malgré tout, que l’opposition politique commence à trinquer à la transition, les vrais problèmes du pays ne sont pas abordés. Il y a plus profond que les tapages des politiciens de tout bord dans les médias. L’insécurité alimentaire, la criminalité, l’insalubrité, l’inflation, la misère, pour n’en citer que ça.

Bath-Schéba NG Joseph- Haitiaujourdhui.com