À l’heure des agitations au sein de la Police Nationale d’Haïti (PNH), il est tentant d’analyser le rapport existant entre celle-ci et la population. Comment la population considère-t-elle la revendication des groupes de policiers pro-syndicat? Quelles sont ses opinions sur le fonctionnement de la PNH?
En effet, concernant le mouvement des policiers protestataires, les avis sont partagés. Si certains voient dans leur démarche une opportunité pour les autorités de mieux encadrer l’Institution policière, d’autres critiquent vertement leurs stratégies.
Pour étayer leurs arguments, les supporteurs prennent en exemple les mauvais traitements infligés à ces derniers. Salaire insuffisant, manque d’équipements et de matériel nécessaires à leur bon rendement, entre autres. Pour leur part, les opposants évoquent en général le côté violent des policiers, regroupant derrière le Syndicat autoproclamé de la PNH ( SPNH). Il n’est pas normal indiquent-ils, que des policiers formés pour protéger et servir se complaisent à défier l’autorité de leurs supérieurs.
Sur cet aspect de la question, des hommes de lois, et défenseurs des droits humains, ont appelé au respect des normes et principes. Mes Joinet Merzius de l’Observatoire haïtien des droits humains, Antonal Mortimé du Collectif de défenseur plus, ont dit appuyer la création d’un Syndicat au sein de la PNH, mais néanmoins précisent que cela doit se faire dans les règles de l’art.
Le 22 février 2020, le Chef de l’État haïtien, Jovenel Moïse avait dit prendre des mesures pour endiguer la crise. Ces mesures consistaient en des logements sociaux pour les policiers, l’accès gratuit aux soins de santé, entre autres. De plus, ces mêmes policiers devraient bénéficier d’un programme d’assurance-vie, et des prêts à l’ONA. Mais ces promesses, n’ont pas suffi à calmer les protestataires, qui ont profité pour relancer les manifestations.
En effet lundi 9 mars 2020, les policiers étaient dans les rues pour exiger entre autres la réintégration de leurs collègues dans la PNH. Yanick Joseph, fer de lance du mouvement, et Coordonnatrice du SPNH, avait été mis à pied avec 4 de ses camarades le mois dernier.
Depuis sa création en 1994, jamais l’institution policière n’a été confrontée à des dissensions internes fortes. Ces bouleversements au sein de la PNH risquent d’engendrer la dissolution du Corps, si rien n’est fait.
Ralph Thierry Cadet