Les autorités avaient formellement interdit ce genre de rassemblement dans l’aire de la capitale. Une note du parquet datée du 14 juillet 2020 avait même été publiée en ce sens. Le Car Wash Party s’est pourtant tenu pendant plusieurs jours à la rue de l’enterrement comme si de rien n’était.
Serrés comme des sardines, ils sont des centaines à se trémousser sur les rythmes endiablés des DJ qui se succèdent, à fond les décibels. C’est la jeunesse haïtienne, vêtue majoritairement de blanc ou de couleurs chaudes, l’été bat son plein à Port-au-Prince.
Dans cette foule bigarrée personne ne se soucie des gestes barrières contre la Covid-19 qui augmente chaque jour sur la territoire de Dessalines. Aucun masque à l’horizon. On se frotte à souhait les uns contre les autres. Dans la philosophie des stations de lavage de voitures (Car wash), les organisateurs jettent fréquemment de l’eau sur le public qui en redemande. Certains d’ailleurs, sont à moitié nus et ne portent ostensiblement pas de dessous. Voilà le cocktail Car Wash Party.
Comment expliquer la tenue d’un tel programme dans le contexte du Coronavirus? Comment expliquer le laisser-faire des autorités pendant plusieurs jours? Et surtout, comment expliquer l’intervention brutale et très peu professionelle de la Police Nationale d’Haïti (PNH) pour mettre fin à l’événement?
Les gens dansaient dans une ambiance bon enfant voire nonchalante ce dimanche 19 juillet. Soudain des bruits d’armes automatiques viennent couvrir la musique qui faisait trembler les haut-parleurs. Des tirs nourris, dont on imagine mal la provenance depuis le stand principal. Panique générale. Bousculade. Les participants courent s’abriter où ils peuvent. Certains chutent et se blessent dans la cohue. Et même un mort est à déplorer.
L’an dernier, la même activité avait occasionné deux décès. La mairie de Port-au-Prince avait décidé d’arrêter définitivement la manifestation.
À l’heure du bilan, il convient de souhaiter une enquête sur l’intervention peu conventionnelle de la PNH pour disperser les fêtards. Il faudrait une autre enquête sur l’organisation du programme afin de déterminer la responsabilité de l’État et celle des organisateurs. Il conviendrait que la justice écoute ces derniers.
La rédaction / Haitiaujourdhui.com