Presque partout dans la capitale, pour avoir une activité économique, il faut payer un ou des bandits pour assurer sa sécurité. Cette somme est comme un tribut versé tacitement en vue d’obtenir l’autorisation de fonctionner ou pour se mettre à l’abri d’autres groupes moins puissants. Certains bandits font des recettes hebdomadaires ou mensuelles. D’autres distribuent des enveloppes aux marchands tout en exigeant un montant exact. Dans ce cas, tout marchand dont le commerce n’est pas assuré risque à tout moment d’être cambriolé ou incendié. Ces mesures ne concernent pas seulement les marchands, mais aussi d’autres secteurs d’activités comme les salons de coiffure, les bric-à-bracs, les hopitaux privés, des pharmacies et autres.
Chaque quartier de la capitale est contrôlé par un gang différent et les batailles entre eux sont monnaies courantes. A l’entrée sud de la capitale, quatre groupes rivaux sont en quêtes de nouveaux territoires. Depuis Martissant jusqu’au centre ville, toutes les zones ont leur propre chef. La zone de Fontamara est entre les mains de Chrisla. Celui-ci est considéré comme le chef de gang ayant le plus de bandits. La zone de Grand-Ravine jusqu’à la quatrième avenue de Bolosse est sous le contrôle de Ti Lapli et Bourgogne. Ce gang enclavé entre deux groupes ennemis dispose de très peu d’espace operationnel. Dans les hauteurs de Port-au-Prince, à la deuxième avenue de Bolosse, c’est la base Pilate qui contrôle la troisième et la cinquième avenue de Bolosse. Cette bande contrôle la zone de Portail Léogâne, en passant par le marché de Salomon jusqu’à Carrefour-Feuille. Ensuite, ces hommes armés contrôlent les hauteurs du Fort-Mercredi depuis la mort de Ti Je. Au bord de la mer, ce sont les soldats d’Arnel Joseph qui font la pluie et le beau temps. De nombreux enlèvements et des attaques armées sont réalisés par ce groupe. Cette bande opère également jusqu’à la Grand-Rue de la capitale.
Par ailleurs, à Lassaline et Delmas 2, plusieurs groupes déclenchent quotidiennement des hostilités pour le contrôle des marchés. Dans ce cas, plus un gang a des territoires, plus il gagne de l’argent. Une commerçante du centre-ville affirme que même une marchande de tomate doit obligatoirement, tous les samedi, payer mille gourdes au chef de gang. Les incendies sont causés par des chefs jaloux des profits tirés par les autres gangs.
Les tirs, les incendies des dépôts, les meurtres en centre ville ont forcé des commerçants à fuir la capitale depuis deux ans. Malheureusement, les autorités ne prennent pas les mesures pour sécuriser la capitale.
Jacki Valérice