Dans une note de l’office de la protection du citoyen (OPC), le protecteur des citoyens Me Renand Hédouville alerte sur la dangerosité de la grâce présidentielle accordée le 19 juin dernier à 415 prisonniers dans le but de décongestionner les prisons en cette saison du coronavirus. Selon l’OPC, des criminels de grand calibre ont malheureusement été mis en libération lors de l’adoption de cet arrêté du 19 juin 2020.

S’appuyant sur l’article 13 de la loi du 3 mai 2012 qui confère à l’OPC la responsabilité d’attirer l’attention du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif sur les violations des droits humains dans tout le pays et de proposer toute initiative à y mettre fin, Renand Hédouville estime qu’il est de bon ton d’attirer l’attention du Président de la République sur l’arrêté du 19 juin 2020 qui pourrait causer des préjudices aux droits humains. Par l’arrêté présidentiel du 19 juin 2020, 415 prisonniers ont été graciés dans ce contexte spécial de la pandémie de la Covid-19. D’après l’OPC, parmi ces 415 graciés figurent des individus qui ont commis des crimes comme l’assassinat, le viol, le meurtre et n’ayant pas terminé de purger la peine à laquelle ils étaient condamnés.

Selon l’OPC, libérer ces criminels est un choix risqué de la Présidence en ce sens qu’ils pourraient nuire à l’ordre et l’harmonie sociale. Dans une intervention radiophonique, Renand Hédouville a mentionné le cas d’une personne retenue coupable par la justice haïtienne d’avoir tué son propre enfant. Ce criminel qui n’a même pas su protéger son propre rejeton a été libéré par Jovenel Moïse. D’autres ont perpétré des assassinats sur les gens de la société, commis des crimes de viol sur des acteurs sociaux. Me Hédouville ne voit pas sage du tout de relâcher ces personnes susceptibles de mettre la population en insécurité.

L’OPC se plaint également de n’avoir pas été sollicité pour des consultations dans le cadre de l’adoption d’une telle mesure de la présidence qui n’est pas sans impact sur la sécurité des citoyens. Si Renand Hédouville alerte, il n’a nullement commis de jugement visant à remettre en question la bonne foi du Président. L’OPC a même compris la préoccupation des dirigeants de réduire le nombre de détenus dans les cellules. La surpopulation carcérale est une grande anomalie du système judiciaire haïtien et elle est favorable à une propagation du coronavirus entre les prisonniers. L’OPC comprend cela, toutefois l’Office de Protection du Citoyen croit que le Président aurait mieux fait de gracier les personnes âgées, malades au lieu de ces criminels.

Bath-Schéba NG Joseph- Haitiaujourdhui.com