Ces derniers jours, l’actualité en Haïti est tournée autour d’un seul dossier. Affrontement entre des agents de la police nationale d’Haïti(PNH) et des soldats des forces armées d’Haïti(FAD’H). L’exécutif et le haut commandement de la PNH tardent à accorder le droit aux policiers de créer un syndicat. Des individus et policiers insurgés encagoulés avaient procédé à la destruction des biens privés dans la capitale haïtienne.
Ils s’appuient sur certains articles de la constitution haïtienne en vigueur et des conventions internationales. Ces textes accordent droit aux employés de la fonction publique et/ou privée d’avoir un syndicat pour défendre leurs intérêts. Leurs dernières manifestations sont soldées sur des dégâts matériels et Des pertes en vie humaine. Un policier et un soldat des forces armées d’Haïti ont été tués. En face, l’exécutif et le haut commandement de la police nationale d’Haïti ont résisté. Ils sont appuyés sur le règlement interne du corps de police pour faire obstacle à la demande des policiers.
Malgré l’annonce du président Jovenel Moïse qui prévoit d’augmenter à 100% le frais sur la carte de débit, la situation restait la même. La carte de débit passera de 5000 à 10.000.00 gourdes à partir du 1er Mars prochain. Les policiers ont intensifié le moment le 23 février dernier jugeant insuffisant la promesse de l’exécutif.
Les grands juristes, avocats et organismes de défense des droits humains dans le pays ont réagi. Ils ont levé la voix pour appuyer la demande des policiers. Par ailleurs, ils ont dénoncé les attaques perpétrées contre les locaux de la Radio Télé Caraïbes et le cabinet de Me Samuel Madistin. Ce dernier avait affirmé qu’aucun texte de loi n’a donné le droit aux policiers d’avoir un syndicat. Pour le faire, Me Samuel Madistin invite les deux branches du parlement haïtien à adopter une loi. Celle-ci va donner droit légalement pour créer un syndicat au sein de la police nationale d’Haïti. Or, le parlement est amputé de l’une de ses deux branches.
Actuellement, le président Jovenel Moïse peut-il prendre un décret pour octroyer légalement ce droit aux policiers?
Le contexte socio-politique actuel du pays avec le déchirement de la classe politique haïtienne rend cela difficile pour le président Jovenel Moïse. Mais nombreux pensent que le chef de l’État haïtien se trouve dans l’obligation de prendre une décision en faveur des policiers. Tout ceci devrait se passer par un décret en l’absence du parlement haïtien pour octroyer légalement ce droit aux policiers.
Or, le contexte socio-politique n’est pas favorable au président Jovenel Moïse. Sa côte de popularité ne cesse diminuer dans le pays. Il est devenu impopulaire. La classe politique lui a refusé de parler. Le palais national se trouve dans une véritable volte-face. Il essaie de jouer sa carte pour éviter de payer les frais face à la détermination des policiers insurgés. Ils réclament le droit de créer un syndicat. Ils réclament aussi des meilleures conditions de travail, un salaire de base autour des cinquante mille gourdes et une carte débit de vingt cinq mille gourdes.
La première commission chargée de rapporter les doléances des policiers au près du président Jovenel Moïse a échoué. Elle n’a pas réussi dans sa mission. Le ministère de la justice et de la sécurité publique a créé une nouvelle commission. Celle-ci a une durée de deux semaines pour discuter avec les responsables du SPNH autoproclamé en vue d’en trouver une solution à la crise.
Depuis la fin du mandat de la cinquantième législature le gouvernement est incapable d’installer un nouveau gouvernement. La constitution l’interdit de diriger par décret. Un éventuel décret pris par le président Jovenel Moïse concernant le SPNH susciterait des réactions. La classe politique haïtienne va se mettre debout pour dénoncer le chef de l’État haïtien. Cela va encore réanimer les débats politiques dans le pays. L’opposition tenterait de rebondir avec ce dossier.
En attendant une décision du président Jovenel Moïse relative à la reconnaissance ou non du SPNH, les responsables de cette structure autoproclamée ont réagi. Ils ont condamné les violences enregistrées dimanche 23 février ayant conduit à l’incendie des locaux et des véhicules de la Radio Télé Caraïbes. Tout en demandant aux policiers insurgés de rester attachés à ses principales revendications.
La commission du MJSP a rencontré les responsables du SPNH ce jeudi. Les deux parties n’ont pas révélé les faits discutés lors de cette assise.
RICHEMOND Johnson